mercredi 20 janvier 2010

Ma vie de flou



10 ans de travail sur ordinateur et un mauvais tirage génétique ont eu raison de mes yeux : je suis myope depuis quelques années et c'est de pire en pire.

Cela doit-il m'obliger à corriger ma vue ? Si j'étais disciplinée et rationnelle, c'est sans doute ce que je ferais. Mais je ne peux pas mettre de lentilles, car j'ai les yeux aussi secs que le coeur... Et les lunettes, selon les modèles, me donnent l'air d'une secrétaire perverse, d'une matheuse cubant sa prépa ou du "Aignan" du petit Nicolas en fille. Mon dernier choix de monture a été si calamiteux (rondes et blanches translucides, je ressemble à Jean Roucas) que mes lunettes restent gentiment au fond de mon sac. Même au cinéma, j'attends que la salle soit noire pour les sortir.

Alors, je renonce à lutter contre ma myopie et tant pis si ma gentille collègue Ludivine m'en veut depuis que je l'ai appelé Bernard, du nom d'un éditeur alcoolique au cheveu rare et gras avec lequelle je l'ai confondu de manière totalement injuste. Tant pis si, lors de mon dernier entretien d'embauche, j'ai ignoré superbement ET PENDANT TROIS BONNES MINUTES la gentille red'chef qui devait me recevoir et qui m'attendait à l'autre bout du hall en me regardant fixement. Tant pis si je demande systématiquement à mon voisin d'open space si c'est bien l'infographiste qui vient de passer dans le couloir (La réponse est, dans 90% des cas : "non, c'était le chef de pub/le laveur de carreaux/la dame de la compta/un ours polaire", je sens qu'il va exploser).

J'assume ma myopie qui présente finalement de nombreux avantages. J'ai l'air de rêver en permanence puisque je ne fixe rien. Dans mon monde flou, il n'y a ni voitures, ni publicités. Les lumières se diffusent en halos, le moindre paysage ressemble à un sfumato de Leonard de Vinci et la brume est permanente.

Mes vis-à-vis du métro sont tous beaux et je n'ai pas de rides. J'ai trouvé le Photoshop du quotidien.

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